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dimanche 24 octobre 2010

Graciosa : une escale rêvée (29 juillet 2010 au 11 août 2010)

Nous sommes repartis, Alexis, Caro et Antoine, la fleur au fusil en direction de la petite île de Graciosa… Nous réussissons à prendre une météo avant de partir, peu de vent est annoncé. Nous quittons donc Porto Santo sans trop de vent. Rapidement, il tombe complètement nous obligeant à utiliser notre moteur. Nous profitons d’une belle éclaircie pour nous baigner dans l’Atlantique.

Alexis, à la traîne

Traversée tranquille sous le soleil

Après une nuit passée à la barre faute de pilote et au moteur, le vent finit par se lever ce qui nous permet d’avancer sous voiles sans encombre jusqu’à Graciosa. Comme pour l’arrivée sur Porto Santo, nous distinguons tardivement les îles : Alegranza puis Isla de Montana clara, Graciosa et les falaises embrumées de Lanzarote.

Alexis à la carte…

Caro à la barre…

Arrivant sur Graciosa, nous avons du mal à discerner Lanzarote… Finalement, nous arrivons peu avant la tombée de la nuit au petit port de Caleta del Sebo où les maisons blanches se dessinent. Au port, plusieurs personnes nous attendent pour nous aider à nous amarrer ce qui nous rend cette île déjà sympathique.


Arrivée sur Graciosa


Entrée remarquable du port entre les sculptures

La dernière soirée est l’occasion de dîner en ville (menu à 7,5 €) et de faire le point sur ces deux semaines intenses. Caro y voit un exploit contrairement à Alexis qui est plus nuancé. Le lendemain de notre arrivée le 31 juillet, Alexis quitte le bord tôt le matin pour rejoindre son avion qui décolle de Tenerife. Il lui faudra rejoindre Lanzarote en ferry puis accéder à l’aéroport pour prendre un vol intérieur vers cette autre île. Nous en profitons pour visiter l’île de jour .

Le petit village blanc vue de la jetée


Une bien belle épave

Le guide nautique prétend que les habitants de Lanzarote ont coutume de dire « quand vous débarquez, vous pouvez enlever vos chaussures et oublier le reste du monde ». Cette phrase que nous avons lu et relu nous a intrigué et s’est avérée exacte. Ici, il n’y a pas de routes goudronnées, seulement quelques 4x4 circulent principalement pour les excursions mais ne s’aventurent pas dans le « centre ».


Le chemin menant du port au village

Nous nous sentons bien à Graciosa après ces deux semaines de mer et pouvons nous reposer et oublier nos quarts. Le climat est agréable. Il ne fait pas trop humide ni trop chaud ce qui est du pour l’été à une légère couverture nuageuse qui stagne dans les falaises de Lanzarote. Au ponton, nous n’avons pas l’électricité que nous produisons grâce à notre éolienne (il y a quand même un peu de vent) mais l’eau y est distribuée. Comme il ne pleut pas souvent et qu’il n’y a pas de nappe sur Graciosa, celle-ci est rationnée.


Nous profitons de cette escale pour préparer encore et encore le bateau. Alors que Julien avait commencé au Crouesty à surlier (couture évitant que la corde ne s’effiloche) certains bouts, Antoine prend la suite pendant presque deux jours.

Petite surliure

Caro souhaitait, depuis l’hivernage au Crouesty, doter l’évier de Zéphyr d’un beau robinet. Après plusieurs péripéties et notamment une pièce manquante (merci Nico), le robinet est installé et illumine la cuisine.

Ça brille…

Nous en profitons également pour mettre de l’ordre dans le bateau, monter le nouveau mouillage (ancre, chaîne et amarre), grimper dans le mât…

Zéphyr vu du mât

Toutefois, notre escale à Graciosa a aussi été rythmée par les soirées (les journées aussi parfois) que nous passions les uns chez les autres à se donner des coups de mains, à échanger. Nous avons rencontré Aurélie (Lilie) et Nico, un jeune couple parti en avril, Paul et Régine sur leur bateau que Paul a construit, Felice, un skipper italien qui projette de partir vers l’Argentine.

A bord de Ganesha...

Sur Zéphyr…

Grâce à Lilie qui se débrouille bien en espagnol et a son goût pour la peinture, nous rencontrons Goici et Bernardo, un couple de canariens. Goici est professeur de dessin et vend quelques unes de ses toiles représentant des paysages de Graciosa sur la petite place du village. Alors que Lilie a des toiles et de la peinture à bord, Caro l’accompagne un matin pour peindre avec Goici.

En pleine action…

Caro est attentive aux enseignements de Goici

La première « œuvre » de Caro

Le temps passe vite et il nous faut déjà penser au retour. Nous passons encore quelques soirées en compagnie de nos amis avant de repartir en avion cette fois-ci en direction de Madrid d’abord puis de Paris. Nous quittons Graciosa au petit matin du 11 août et prenons le ferry vers Lanzarote avec un petit pincement au cœur mais en sachant que nous y retournerons bientôt…

Nico et Antoine à bord de Ganesha

Lilie , Bernardo, Goici, Caro et Antoine

Dernière vue sur la jetée de Caleta del Sebo

Premières terres rencontrées : Porto Santo… (25 juillet 2010 au 28 juillet 2010)

Nous avons touché terre vers 17h00 le 25 juillet dans le petit port de Porto Santo. L’île est très aride avec une côte sud très ensoleillée et la côte nord relativement nuageuse. A notre arrivée, le vent souffle fort dans le port ce qui ne nous arrête pas pour (enfin) toucher la terre ferme… Nous partageons un catway avec un portugais.

Zephyr, au pied des falaises

En arrivant, nous effectuons les formalités d’entrée. Mais, la marina est fermée et nous n’avons pas la clé de notre salut : la douche. Heureusement, nous la trouvons auprès d’un autre plaisancier qui a la gentillesse de nous la prêter… Après plusieurs jours à se laver à l’eau de mer, se rincer à l’eau douce est vraiment agréable. Nous nous rendons ensuite au village à la recherche d’un restaurant… Voici notre « cantine » :

Le lendemain, il nous faut nous occuper du bateau… Au programme des réjouissances, on trouve vaisselle à l’eau douce s’il vous plait, lessive (la marina la propose même si elle est un peu chère).


Caro ne s’arrête jamais…


L’ile est très agréable. Il fait, enfin, chaud… Fini les cirés humides. Nous visitons l’île de jour afin de mieux nous rendre compte. Le village se trouve à une vingtaine de minutes du port. A la marina, nous sommes bien au calme même si la marina sert de parking aux plagistes. D’ailleurs, contrairement à Madère, Porto Santo a une grande plage de près de 8 kilomètres où les touristes sont principalement portugais.

L’île vue de la jetée

La grande plage

De nombreuses petites bicoques en bois longent la plage. En nous rendant au village, nous avons surpris une scène de vie : la douche. Il semblerait que ces maisons, comme notre bateau, n’aient pas de douche…

Le village n’est pas très grand. On y trouve quelques statues en l’honneur de Christophe Colomb qui serait passé par là plusieurs fois. La place principale du village se trouve à côté de l’église. Des restaurants la jalonnent ainsi qu’un glacier où l’attente est toujours longue et que nous n’avons pu tester.

Alors que Caro s’est cassée le petit doigt de pied sur une pierre en rentrant un soir, Alexis et Antoine décident d’explorer l’île… Toutefois, nous n’avions pas prévu qu’il n’y aurait pas de chemin. Nous montons tout droit au travers de la colline au milieu d’une végétation sèche pour admirer le point de vue mais en gardant à l’œil les éventuels serpents et autres animaux qui pourraient nous barrer la route… La descente est plus difficile et se fait dans les glissements de terrain ce qui n’est pas plus rassurant et moins dangereux.

Porto Santo

Un déjeuner « attendu » et mérité

Hetty nous quitte à Porto Santo après une dernière soirée passée à notre cantine… Nous l’accompagnons avec un peu de tristesse et de nostalgie au ferry qui l’amène à Madère. Nous ne sommes plus que trois à bord de Zéphyr.

Dernière soirée avec Hetty

Avec ce premier départ, Alexis décide de nous sociabiliser un petit peu et invite à notre bord le propriétaire d’un petit bateau rouge et son équipière. Après cette agréable soirée, il nous faut partir. Nous regardons une dernière fois le quai maculé des inscriptions, des dessins de nombreux navigateurs. Dans la hâte, nous n’avons pu inscrire celui de Zéphyr…


Aperçu d’une partie du quai peint


Cinq danois dans le vent…

samedi 16 octobre 2010

Le grand départ : Bretagne - Madère… (14 juillet 2010 au 25 juillet 2010)

Le week-end avec nos équipiers s’étant très bien passé, nous nous sommes donnés rendez-vous le 14 juillet au Crouesty. Malgré l’avis de grand frais annoncé (vent fort), nous avons rejoint et trouvé une place au port. Toutefois, une dépression traversant le Golfe de Gascogne, il ne nous était pas possible de prendre la mer. Ce temps précieux a été mis à profit des derniers préparatifs et de nos visiteurs… Nous tenons à tous vous remercier ici : nos parents, nos familles et nos amis. Nous gardons un souvenir ému de Merlin (7 mois) à bord de notre bateau, de la grand-mère d’Antoine (80 ans) se hissant sur le bateau alors que nous étions à couple et placé sur la 3ème rangée.

Nous avons finalement pris la mer le 16 juillet accompagnés jusqu’en Espagne par Hippogriffe, le bateau du père d’Antoine, avec qui nous sommes restés en contact VHF pendant 2 jours.

Prêts à partir…

Hippogriffe sous le vent…

La première nuit a été agitée… Il s’agissait de la fin de la dépression, nous avons donc eu du vent et de la mer une fois les cardinaux (phare de l’ile d’Hoëdic) passés car nous avons du alors remonter au vent pour prendre une route plus Ouest afin de franchir la pointe de l’Espagne. Cette nuit-là les quarts n’ont pas été ceux prévus sur notre feuille préparée par Hetty qui relevaient de la formule suivante : chaque personne prend un quart de 4 heures avec un roulement toutes les 2 heures en sachant qu’il devait y avoir 2 personnes (un garçon, une fille) sur le pont. Cela donnait :

Fille 1 : 22h – 0h

Garçon 1 : 22h – 2h

Fille 2 : 0h – 4h

Garçon 2 : 2h – 6h

Et ainsi de suite jusqu’à environ 10h.

Départ venté sous le soleil : atelier tresse !

Cette première nuit a été mouvementée mais au petit matin, nous avons été récompensés en péchant à la traine une bonite. Ce poisson que nous pensions être le premier d’une grande série fut malheureusement pour nous le premier et le dernier… Certains équipiers étant un peu malades, il n’a pu être fêté à sa juste valeur. Il a quand même été préparé en marinade par notre meilleure cuisinière, Hetty…

Réveil difficile après cette première nuit…

Il faut ici rendre à César ce qui est César et remercier notre cuisto du bord qui a réussi l’exploit de nous faire à manger de manière différente pendant 9 jours dans des conditions parfois musclées avec de petites réserves et toujours avec le sourire.

Hetty au travail…

Le lendemain, le vent s’est calmé permettant ainsi à chacun de trouver un peu de repos et reprendre des forces pour les nuits suivantes. Nous avons même du allumer le moteur pour ne pas tanguer/rouler dans la longue houle du Golfe de Gascogne.

Onde de houle


Toutes les photos représentent l’extérieur du bateau où nous passons la grande majorité de notre temps éveillé. Toutefois, pour tenir « en état » l’intérieur, c’est aussi un travail de tous les jours de remiser les cirés, les ustensiles de cuisine, les bouts, les cartes et tous les objets et livres qui peuvent tomber par l’effet des vagues. Sans parler du fait qu’à quatre à bord pendant 9 jours, cela nécessite également de l’organisation pour éviter le désordre. Là encore, Hetty qui était à son aise à l’intérieur a grandement participé à ces taches…


Intérieur « propre » en navigation

Le 2nd jour, la mer a gratifié l’équipage de la venue de dauphins qui étaient largement attendus et se laissaient quelque peu désirer. Nous avons vu de nombreux dauphins dans le Golfe de Gascogne et au large des côtes espagnoles mais beaucoup moins ensuite. Nous étions tellement habitués qu’un matin, pensant voir au loin des dauphins venant jouer avec l’étrave (avant du bateau) du bateau, nous avons eu la visite inopinée d’une baleine… Passés la latitude de Gibraltar, nous avons également observé de petites tortues dans l’eau.

Requin ou dauphin ?

Dauphin jouant dans l’étrave…


Nous avons mis 3 jours à atteindre Cap Finisterre, la pointe Ouest de l’Espagne. Le vent s’étant calmé et s’étant orienté dans la bonne direction, il nous poussait tranquillement. Nous tangonnions le génois (voile d’avant) au vent afin d’éviter qu’il ne faseille (se dégonfle puis se regonfle) et stabiliser le bateau.

Génois tangonné dans l’humidité matinale

Arrivés au large du Cap, des cargos ont montré le bout de leur étrave et il a fallu redoubler notre vigilance… En effet, il existe, comme en Manche, un rail (un chenal) que les navires sont obligés d’emprunter quand ils s’y trouvent. Pour les petits bateaux de plaisance, mieux vaut passer soit au large soit à la côte avec le risque que la brume tombe subitement ou que le vent soit plus fort (alizés portugais). Nous avons choisi de passer au large mais le vent nous a joué quelques tours ce qui nous a retardé dans notre progression. Alors que nous désespérions de franchir le Cap, le vent a subitement tourné nous permettant de prendre une route directe vers Madère.

Même avec un livre, Caro veille au grain…

Cargo au lever du jour

Par la suite, le vent est monté monté jusqu’à atteindre une vitesse de 40 nœuds (75 km/h), les vagues ont grossi grossi pour devenir de « big mama » entre 3 et 4 mètres. Nous avons alors du réduire notre voilure et faire plus attention à notre sécurité…

Gilets obligatoires…


Malgré le vent et la mer, la nature nous a montré parfois de beaux visages comme celui-ci :


Pour plus d’infos, contactez l’artiste : Caro

Les manœuvres étaient réalisées avec l’aide de chacun mais bien souvent Alexis s’occupait de celles nécessitant plus d’agilité et de force en particulier avec le tangon (le changer de bord, le retirer, le hisser). Cette situation ne convenait pas parfaitement à Hetty qui, un jour, a décidé elle-aussi de faire le tour du bateau dans le vent et la mer…

Hetty pêche un calamar sur le pont !

Pendant notre périple, nous étions 4 mais un équipement jouait également le rôle d’équipier : le pilote automatique. Même si celui-ci nous a lâché à quelques heures d’arriver sur Madère, il nous faut le remercier pour avoir bien tenu la barre même avec un peu de mer comme sur la photo.

Notre 5e équipier…

Bien sûr, parler de la barre et du pilote sans parler d’Alexis serait un affront… Même si à la fin nous avons tous du nous y mettre il est vrai que c’est Alexis qui a le plus barré. Il essayait sans cesse de battre son propre record. Déjà à la sortie du Golfe du Morbihan il avait atteint les 11 nœuds grâce au courant, ce record qui a pourtant tenu longtemps est tombé pour s’établir à 12,5 nœuds… Merci Alexis !

En quête de sensations fortes…

Après un peu plus de 24 heures sans pilote, nous avons du nous relayer à la barre pour enfin voir la terre tant espérée. Cette côte, bien qu’élevée, ne se devine que de relativement près ce qui nous a valu quelques doutes sur notre route et notre GPS. Finalement, nous touchons terre à Porto Santo au Nord Est de Madère au bout de 9 jours pleins soit une moyenne d’environ 5,5 nœuds pour 1200 milles (un mille = 1852 m) parcourus. Nous avons utilisé 40 litres de gasoil pour une trentaine d’heures d’utilisation de moteur. Grand merci à tous pour la bonne réalisation de cette première étape.

La terre promise !